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De la Découverte à Rothéneuf, il faut une autre pratique du rôle des citoyens

Vendredi 7 décembre 2018,  Rothéneuf Environnement tenait une réunion publique. Cette jeune association tente de préserver les zones humides de Rothéneuf d’une opération d’urbanisation déclarée d’utilité publique depuis plusieurs années et dont l’objectif est la construction de 800 logements.

Pour comprendre l’impact sur le quartier, on peut rappeler qu’en 2014, il y avait 1970 logements dans le quartier dont

  • 926 résidences principales,
  • 999 résidences secondaires,
  • 45 logements vacants.

L’avancement du dossier a contraint les cofondateurs de l’association à reprendre l’ensemble des documents et procédures. Ils ont suivi le fil, parfois tortueux, qui conduit 300 logements, prévus dans le projet d’aménagement et de développement durable, à se transformer en 800 logements autorisés. L’élu en charge du dossier s’appuie sur une série d’autorisations dont celles de l’État. Une série longue comme le bras, à la mesure de ceux des initiateurs d’un projet dans lequel on retrouve les élus et la SACIB.

Alors que les travaux préliminaires s’engagent, ce projet fait l’objet d’une grande inquiétude. L’impact du nombre de constructions comme leur destination (secondaire ou principale), la destruction de zones humides, la circulation, tout interroge. L’équilibre urbain lui-même est en question alors que des équipements scolaires publics sont vendus dans un quartier que l’on dit vouloir développer notamment par la création de classe (dixit le maire dans la presse, il y a quelques semaines).

Encore une fois dans ce dossier, majorité et opposition minorité confondues ont voté dans le même sens. Et encore une fois, nous affirmons que la consommation des zones humides ne se discute pas, c’est non. C’est non à Rotheneuf comme il y a encore peu, à Notre Dame des Landes.

Les questions posées par ce projet sont légions, mais ce projet est également emblématique d’autre chose.

Il y a trois ans, quelques associations ont fait des remarques et analysé le dossier en profondeur lors des concertations et de l’enquête publique, mais la population ne s’est pas mobilisée. Aujourd’hui, Rothéneuf Environnement subit de plein fouet ce manque de mobilisation qui lui impose d’intervenir très tard pour trouver le chemin de la mise en cause de ce projet.

Pourtant dans ce quartier, le revenu disponible, la part des revenus d’activités non salariées, celles des revenus du patrimoine, les pourcentages de cadre ou d’anciens cadres sont les plus importants de Saint-Malo. Tout indique que les moyens ne manquent pas pour se défendre et le temps ne semble pas un obstacle non plus. Parallèlement les instruments existent pour consulter la population (concertation), pour lui demander son avis (enquête publique). Que se passe t-il ? Pour quelle raison, lorsqu’un un projet est présenté, ces instruments semblent sans effet alors même que la population, en particulier celle de Rothéneuf, peut facilement s’en saisir ?

Une partie de la réponse tient au fait que plus les intérêts sont puissants, moins la volonté politique est de s’appuyer sur la population. Les maîtres d’ouvrage, élus de Saint-Malo en tête, se cantonnent dans l’affirmation de la pertinence de leur projet, les concertations sont vidées de leur sens, transformées en formalités et monologues insipides durant lesquelles il ne s’agit jamais de discuter du sens, de l’utilité, de l’opportunité, du programme, de la forme afin de coconstruire.

L’autre partie de la réponse est la tentative d’élimination de tout contre-pouvoir, par la contrainte, la menace (du tribunal) ou le mépris pendant six ans. C’est une grave atteinte à la démocratie qui a les mêmes effets partout, de la Découverte aux quartiers les plus aisés … .

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